Le prince de Lavau

La tombe du prince de Lavau

Le prince de Lavau

À Lavau, lors de fouilles préventives menées en mars 2015, les équipes de l’INRAP (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) révèlent la tombe d’un prince celte près de 2500 ans après sa mise en terre.

Ce haut dignitaire reposait sur un char accompagné d’un véritable trésor : un torque en or, de riches parures d’or et d’argent, des vanneries décorées (ceinture en cuir, cuirasse, casque, couteau et fourreau…), de la vaisselle de banquet. L’état de conservation est exceptionnel, car la tombe n’a pas eu à subir de pillages ou de fouilles brutales.

En 450 avant notre ère, les peuples de Bourgogne étaient très étroitement liés à ceux de la Méditerranée. Ces objets sont les preuves de ces entrelacements culturels, religieux, artistiques et commerciaux entre les mondes grecs, étrusques, thraces et celtes.

Le prince de Lavau devait régner sur territoire d’environ 50 km². Une surface modeste, néanmoins cette découverte atteste du rôle important de cette zone dans la structuration économique de l’époque.

Une grande part de ces objets proviennent des peuples méditerranéens. La radiographie aux rayons X a même révélé que certains avaient voyagé de la Grèce à l’Italie pendant des décennies en étant modifiés, améliorés, décorés sur des couches successives. Beaucoup sont également le fait d’un travail d’atelier et non d’ artisan isolé.

Voici quelques-uns de ces objets :
– un vase à figure noire représentant Dionysos, dieu du vin, et Ariane, sa femme. Un personnage de la mythologie grecque en pleine Bourgogne du Vème siècle avant J.C.
– des agrafes décoratives, des rivets et des boutons aux décors fins témoignant de la présence d’un casque déposé sur le haut du corps du prince.
– un torque en or (grand disque rigide porté au cou par le prince) dont la surface extérieure est différente de l’intérieure (les rayons X ont révélé des traces d’usures liées aux frottements sur la peau ou les vêtements).
– une paire de bracelets en or identiques, mais dont l’un est beaucoup plus usé que l’autre. Ces bracelets se portaient en général par paire. Le prince avait-il remplacé un de ses bracelets perdu ou cassé ?
– la pièce majeure est un chaudron pouvant contenir des centaines de litres de vin. La Bourgogne étant un pays de bière (à l’époque), cet objet conçu pour des rites de banquet révèle l’étroitesse des liens avec la Méditerranée. Ce chaudron est le travail de fondeurs expérimentés. Le bronze a été coulé plusieurs centimètres d’épaisseur sans défaut et martelé avec le même soin. La sculpture d’un dieu orne la lèvre du chaudron.

Ces objets constituent une véritable bibliothèque qui se lit à œil nu, au laser et aux rayons X. C’est un témoignage direct de ce qui constituait la vie domestique, guerrière et religieuse d’un celte, il y a 2500 ans.

C’est tout le travail du C2RMF (centre de recherche et de restauration des musées de France) dont les laboratoires se situent en plein Paris, dans les sous-sols du palais de Louvre.

Guillaume Richard

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