Le faux mendiant de Masevaux

Extrait du Journal hebdomadaire de Belfort et du Haut-Rhin du 19 juillet 1873

Un jeune homme, nommé Sentner, errait et mendiait depuis quelques semaines dans la vallée de Masevaux. On le croyait estropié, vu qu’il tenait toujours un bras caché sous ses vêtements et laissait flotter une manche de son habit comme inutile. Selon ses dires, il avait été soldat et, à Belfort, un boulet de canon lui avait enlevé le bras. Il feignait une grande piété, tenait à la main un lourd chapelet et quand il passait devant un crucifix ou une image de Saint, il faisait respectueusement le salut et s’agenouillait. Il recueillait de l’argent sans travailler, en exploitant les dispositions charitables des fidèles habitants de la vallée.

Les gendarmes de Masevaux, un peu plus clairvoyants que les paysans, conçurent des soupçons contre le mendiant, et lorsqu’ils le rencontrèrent à Kirchberg, il firent une enquête au sujet du bras perdu, qu’après une courte recherche, ils retrouvèrent sain et sauf caché sous ses vêtements. Le spéculateur démasqué avoua être natif de Burnhaupt-le-Bas et coutelier de son état. Il avait usé de dissimulation pour obtenir plus facilement des aumônes, tandis que, comme robuste jeune homme de 22 ans, il n’aurait sans cela rien reçu.

Le tribunal lui a infligé pour fait de supercherie cinq jours de prison.

Guillaume Richard

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